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Les rivières atmosphériques ! Ces fleuves invisibles qui transportent l’eau douce dans le ciel.


Corail turbinaria fluorescent dans un récif tropical
Ciel bleu sans nuage ! Mais pas sans eau...

Lorsque l’on pense aux grands fleuves qui façonnent notre planète, des noms comme l’Amazone, le Nil ou le Mississippi viennent immédiatement à l’esprit. Pourtant, il existe un autre type de « rivière » bien plus vaste et puissant, mais totalement invisible à l’œil nu : les rivières atmosphériques. Ces immenses corridors de vapeur d’eau, transportés par les vents à haute altitude, jouent un rôle fondamental dans le climat terrestre.


Ces fleuves célestes, capables de déplacer des milliards de litres d’eau, sont à l’origine de nombreuses précipitations à travers le monde. En Californie, en Europe de l’Ouest ou encore au Chili, ils peuvent apporter des pluies bénéfiques, mais aussi déclencher des tempêtes dévastatrices et des inondations catastrophiques.

Longtemps méconnues, les rivières atmosphériques sont aujourd’hui mieux comprises grâce aux avancées scientifiques et aux satellites météorologiques. Pourtant, leur rôle dans le climat mondial reste encore un sujet de recherche crucial, notamment face aux effets du réchauffement climatique qui les rendent plus intenses et imprévisibles.


Dans cet article, nous allons explorer le fonctionnement de ces fleuves invisibles, leur impact sur notre climat et les régions les plus affectées. Enfin, nous verrons comment la science moderne permet de les suivre et de mieux anticiper leurs effets. Préparez-vous à plonger dans l’un des phénomènes les plus fascinants et influents de notre atmosphère ! 🌍🌧️







Qu’est-ce qu’une rivière atmosphérique ?


Les rivières atmosphériques sont des flux d’humidité concentrés dans l’atmosphère qui transportent d’énormes quantités d’eau sur des milliers de kilomètres. Invisibles à l’œil nu, elles jouent un rôle majeur dans les cycles hydrologiques et influencent directement le climat de nombreuses régions du monde.



Une découverte récente des climatologues


Le concept de rivières atmosphériques a été identifié à la fin du XXe siècle grâce aux progrès des satellites météorologiques et des modèles climatiques. C’est en 1998 que Yong Zhu et Richard E. Newell, chercheurs du MIT, ont officiellement utilisé le terme dans une publication scientifique. Ils ont démontré que ces corridors d’humidité sont responsables de la majorité des précipitations extrêmes dans les zones tempérées du globe (Zhu & Newell, 1998).



Comparaison avec les fleuves terrestres


Si l’on pouvait observer ces rivières comme on voit l’Amazone ou le Mississippi, on serait stupéfait·e par leur ampleur. Une rivière atmosphérique peut transporter jusqu'à 15 fois plus d'eau que l'Amazone sous forme de vapeur. En moyenne, ces couloirs d'humidité mesurent 400 à 600 km de large et s’étendent sur des milliers de kilomètres, reliant souvent les tropiques aux régions tempérées.



Comment fonctionnent ces rivières invisibles ?


Un gigantesque réseau de transport d’eau douce


Les rivières atmosphériques se forment lorsque l’air chaud et humide des océans est capté par les vents dominants. Ce flux de vapeur d’eau suit ensuite des courants aériens, souvent le long du jet-stream, jusqu'à ce qu'il rencontre un obstacle, comme une chaîne de montagnes ou une masse d'air froid. C'est alors que l'eau contenue dans ces rivières célestes se condense et retombe sous forme de précipitations abondantes.


Leur rôle dans la formation des tempêtes et précipitations


Les rivières atmosphériques sont souvent à l’origine de tempêtes majeures. Elles peuvent déclencher des précipitations intenses en peu de temps, provoquant des inondations soudaines. Par exemple, en Californie, ces fleuves invisibles sont responsables de 40 % à 50 % des précipitations annuelles (Dettinger et al., 2011). En Europe, elles alimentent les tempêtes hivernales qui touchent l'Atlantique Nord.





Quels sont leurs effets sur notre climat ?


Des pluies diluviennes aux sécheresses extrêmes

Selon leur trajectoire, les rivières atmosphériques peuvent soit apporter des précipitations abondantes, soit, à l’inverse, aggraver la sécheresse lorsqu’elles dévient de leur parcours habituel. Ainsi, l’absence de ces flux d’humidité peut accentuer les périodes de sécheresse, comme observé en Californie lors du phénomène "Ridiculously Resilient Ridge" entre 2012 et 2016 (Swain et al., 2014).



L’impact du changement climatique sur les rivières atmosphériques


Avec le réchauffement climatique, les rivières atmosphériques deviennent plus intenses. Les températures plus élevées permettent à l'air de contenir davantage de vapeur d’eau, amplifiant ainsi le potentiel de précipitations extrêmes. Une étude récente montre que d’ici la fin du siècle, l’intensité des rivières atmosphériques pourrait augmenter de 25 % à 50 % (Gao et al., 2015).



Où observe-t-on ces fleuves célestes ?


Les régions du monde les plus affectées


Les zones les plus impactées par les rivières atmosphériques sont :

  • La côte ouest des États-Unis, notamment la Californie et l’Oregon, où elles sont responsables des inondations hivernales.

  • L’Europe de l’Ouest, avec des épisodes de fortes précipitations, particulièrement en Espagne, en France et au Royaume-Uni.

  • Le Chili et la Nouvelle-Zélande, où elles influencent les précipitations dans les régions montagneuses.



Prédiction et suivi grâce aux satellites


Grâce aux satellites comme ceux de la NASA et de l’ESA, il est désormais possible de suivre ces flux d’humidité en temps réel. Des modèles météorologiques avancés permettent d’anticiper leurs effets et d’émettre des alertes en cas de risque d’inondation majeur.






Conclusion : Pourquoi devons-nous mieux comprendre ces rivières invisibles ?


Les rivières atmosphériques sont un élément clé du climat mondial. Elles façonnent notre météo et influencent directement la répartition de l’eau douce sur Terre. Mieux les comprendre permettrait d’anticiper les catastrophes climatiques et d’adapter nos infrastructures aux nouvelles réalités du réchauffement climatique.




Références scientifiques


  • Zhu, Y., & Newell, R. E. (1998). A Proposed Algorithm for Moisture Fluxes from Atmospheric Rivers. Geophysical Research Letters, 25(15), 2777-2780. DOI:10.1029/98GL01955


  • Dettinger, M. D., Ralph, F. M., Das, T., Neiman, P. J., & Cayan, D. R. (2011). Atmospheric Rivers, Floods and the Water Resources of California. Water, 3(2), 445-478. DOI:10.3390/w3020445


  • Swain, D. L., Tsiang, M., Haugen, M., Singh, D., Charland, A., Rajaratnam, B., & Diffenbaugh, N. S. (2014). The Extraordinary California Drought of 2013–2014: Character, Context, and the Role of Climate Change. Bulletin of the American Meteorological Society, 95(9), S3-S7. DOI:10.1175/BAMS-D-14-00039.1


  • Gao, Y., Lu, J., Leung, L. R., & Yang, Z. L. (2015). Increased Intensity of Landfalling Atmospheric Rivers Over the West Coast of North America. Nature Climate Change, 5(6), 632-637. DOI:10.1038/nclimate2477


  • Lavers, D. A., & Villarini, G. (2013). The Nexus Between Atmospheric Rivers and Extreme Precipitation Across Europe. Geophysical Research Letters, 40(12), 3259-3264. DOI:10.1002/grl.50636



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